La Troisième Symphonie de Gustav Mahler (1860-1911) appelle de nombreux superlatifs : c’est la symphonie la plus longue du compositeur, mais aussi celle qui présente le plus de facettes, la plus humaniste et la plus optimiste. Avec sa partition gigantesque – l’œuvre fait appel à un orchestre extraordinairement grand, à une alto solo et à un chœur de femmes et d’enfants –, elle est aussi l’une des plus volumineuses, mais surtout, elle est celle qui reflète le mieux la vision du genre et du monde du compositeur.
« Imaginez une œuvre d’une telle ampleur qu’elle reflète la création tout entière. Ma Troisième Symphonie sera quelque chose que le monde n’a pas encore entendu. Toute la nature y possède une voix. »
- Gustav Mahler
Pour Gustav Mahler, la figure de Pan incarne l’univers tout entier, de la terre à l’au-delà. Cette idée traverse la symphonie comme un fil rouge et est également liée à d’autres références littéraires, notamment à Le Gai Savoir (1882) et Ainsi parlait Zarathoustra (1892) du philosophe allemand Friedrich Nietzsche. C’est de cette dernière que Mahler a tiré le texte « O Mensch » du Chant de Minuit comme base du quatrième mouvement.
Dans le captivant quatrième mouvement, l'humanité s'exprime dans sa quête de lumière pour ses soucis terrestres. Michèle Losier interprète le solo d'alto dans cette partie.
« Mahler m'est cher depuis mes premières études de chant. Après avoir écouté les Rückert-Lieder, j'ai ressenti le besoin de ne pas étudier ni chanter sa musique tant que je n'avais pas complètement compris le génie de ce compositeur. C'était comme si Mahler était un compositeur sacré, dont je devais pleinement comprendre les inspirations intérieures. C'est pourquoi je n'ai abordé ses symphonies et son répertoire de lieder que plus tard dans ma carrière.
Aujourd'hui, à la quarantaine, grâce à mon expérience musicale et à ma vie personnelle, je sens enfin que je peux interpréter sa musique de manière noble et sincère, comme il l'avait prévu. C'est toujours un honneur pour moi de m'asseoir au milieu de l'orchestre, de vivre ces majestueuses symphonies, de ressentir les émotions boulversantes, et de me sentir enfin digne de chanter ses compositions. »
- Michèle Losier