Qui est Mirela Ivičević ?
Je suis né à Split, en Croatie, dans une famille multiethnique. La recherche d’un lien entre les personnes, les cultures et, finalement, les matériaux sonores a donc toujours fait partie intégrante de ma vie.
Je ressens une joie extrême à faire se côtoyer des structures apparemment contrastées, comme on l’entend généralement dans ma musique, quel que soit le sujet de la pièce. J’essaie également d’y intégrer des expériences personnelles chaque fois que c’est possible : c’est pour moi la manière la plus honnête et la plus efficace de communiquer à travers les arts.
Si votre style musical était un type de cuisine, lequel serait-il ?
Ce serait sans aucun doute un buffet. Comme lorsque, à l’occasion d’une fête, on goûte tous les mets qui sont sur le buffet, même ceux que l’on n’aurait jamais pensé essayer. Un buffet, c’est aussi, selon les lois de la cuisine, mettre dans une même assiette des aliments qui ne sont pas conçus pour aller ensemble. C’est bizarre, mais toujours savoureux. Enfin, pas toujours, mais souvent, étonnamment.
Parfois, les plats que vous connaissez déjà vous déçoivent, parce que votre grand-mère les prépare bien mieux, mais d’autres vous renversent. Même si ce ne sont pas ceux que vous mangeriez tous les jours, vous vous réjouissez de les déguster de temps en temps.
Y a-t-il un moment particulier de votre carrière qui se distingue par sa charge humoristique, l’embarras qu’il a causé ou l’importance qu’il revêt ?
Je ne crains pas l’embarras, je pense que tous les artistes ont une personnalité un peu histrionique : nous sommes à l’aise avec l’attention qu’on nous porte, même si elle est négative. Je me souviens m’être rendue à Donaueschingen avec des membres du Klangforum Wien qui plaisantaient sur le fait de savoir lequel d’entre nous, jeunes compositeurs, avait le plus de chances de se faire huer par le public. En effet, on vous y hue si l’œuvre n’est pas appréciée ! Moi, je me disais : « Bon, au moins, je n’ai pas passé plus d’un mois sur ce morceau ! » Finalement, personne n’a été hué, le concert s’est très bien passé. C’est également à cette occasion que j’ai rencontré Ilan (Volkov). C’est lui qui dirigeait.
Je suis toujours très touchée lorsque je vois le public essuyer quelques larmes. Non pas que je compose dans ce but, mais ça arrive, et c’est magnifique de voir à quel point la musique a le pouvoir de nous mener, nous les humains, à un état de béatitude. Elle nous fait ressentir de plus grandes choses, en nous-mêmes et pour les autres. C’est l’une des raisons pour lesquelles je fais de la musique.