Brillant et atypique, Frank Braley n’a pas suivi le cursus qui s’impose d’habitude aux artistes de sa trempe. Il jure même ses grands dieux n’avoir jamais souhaité devenir pianiste - un dilettante, en somme, mais un dilettante de génie doublé d’un dilettante forcené, qui donne plus de quatre vingt concerts par an. Ce n’est qu’après avoir hésité entre sciences et musique que ce jeune homme bien dans ses baskets finit par abandonner l’université à sa majorité pour rejoindre le cercle des élus au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Malgré tous ses efforts pour être dernier de la classe, cette forte tête en sortira surdiplômée, pour être aussitôt propulsée sur la scène internationale après avoir raflé en 1991 le Premier Prix du Concours Reine Elisabeth.
Invité des plus grandes phalanges orchestrales, assailli de comparaisons flatteuses avec les grands du piano, Frank Braley n’a pas laissé la gloire lui monter à la tête. Cet artiste à l’intelligence vive, à la répartie foudroyante et aux idées musicales bien arrêtées n’a rien perdu de son rapport spontané et décontracté au piano, fait d’humour et de poésie, de pudeur, de grâce et d’inaltérable sincérité. Car Frank Braley joue par plaisir, que ce soit pour le grand frisson des récitals ou pour la joie partagée de la musique de chambre entre amis, aux côtés d’Augustin Dumay, Paul Meyer, Eric Le Sage, Emmanuel Pahud ou des frères Capuçon.