[lire aussi : notes de programme]
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DREAMS : la musique ondule, éclate et se faufile passant de l'ivresse nocturne au sommeil profond. Entre les pièces, des soundscapes englobants remplis de bribes de texte et de sons insaisissables, renforcent le caractère à la fois aliénant et poétique d'une nuit de rêves.
Les soundscapes sont narré par Jolien De Gendt, Fanny Gilbert-Collet et Sandra Paelinck.
« Je ne sais pas si l’humanité rêve, collectivement, je ne sais pas s’il existe des rêves que
nous faisons ensemble, cauchemars de foule ou songes de groupe, un songe par monde :
croyez-vous qu’une histoire, une culture ou une langue soient taillées dans un commun tissu
de songes? Aimer quelqu’un, vivre avec lui, est-ce rêver le même récit? »
[1] « Er wird an Lippen und Nasenspitze mit einer Feder gekitzelt. – Träumt von einer schrecklichen Tortur; eine Pechlarve wird ihm aufs Gesicht gelegt, dann weggerissen, so daß die Haut mitgeht.
[2] Man läßt ihn Kölnerwasser riechen. – Er ist in Kairo im Laden von Johann Maria Farina. Daran schließen sich tolle Abenteuer, die er nicht reproduzieren kann.
[3] Man kneipt ihn leicht in den Nacken. – Er träumt, daß man ihm ein Blasenpflaster auflegt, und denkt an einen Arzt, der ihn als Kind behandelt hat.
[4] Man nähert ein heißes Eisen seinem Gesicht. Er träumt von den »Heizern« die sich ins Haus eingeschlichen haben und die Bewohner zwingen, ihr Geld herauszugeben, indem sie ihnen die Füße ins Kohlenbecken stecken. Dann tritt die Herzogin von Abrantès auf, deren Sekretär er im Traume ist. »
« Je rêve par métier, artisanat, travail, orfèvrerie. J’ai pourtant rêvé, l’une de ces nuits rares, que j’étais dans une forêt, c’était, je m’en souviens, dans les Indes, je marchais parmi des arbres gigantesques et, soudain, je me suis trouvé devant un tronc énorme, monstrueux, qui bifurquait partout, dans son espace, en branches ou embranchements dont chacun s’achevait par un animal, un lion, un ours ou un léopard. Cet arbre était, à lui seul, une forêt de tigres, de girafes, de pandas et de loups.
Il y avait beaucoup de fauves, très forts, très puissants. Le bras de chaque branche se jetait dans l’épine dorsale d’une bête. Chacune bougeait un peu mais restait attachée, puisque son corps s’identifiait, du bas ou de l’arrière, au bois de l’arbre. C’était terrifiant, hideux comme la tête de Méduse hérissée de serpents, toute la chevelure de ce buisson ardent et charnu remuait, se tordait, feulait. Toute l’arche de Noé, tel un végétal, était sortie de terre sur la colonne du tronc.
C’était terrifiant, mais c’était très doux. Il émanait de cette plante une richesse, une satisfaction, une plénitude qui me comblaient. Les fauves mêmes y faisaient le gros dos. Il me semblait que j’avais toujours su que le bois était de chair, que, si les branches bifurquaient, il fallait bien que cette chair changeât de genre. Ce multiple en folie réglée me donnait du ravissement, une grande réjouissance douce et paisible.
Je n’ai jamais oublié cet arbre, ce bouquet de vie flamboyant et reproductif. Ce grand végétal animal est l’arbre des espèces. Il est l’arbre de vie, peut-être, j’ai trouvé l’arbre du savoir. »
« Dromen zijn waar omdat ze gebeuren,
onwaar omdat niemand ze ziet
behalve de eenzame dromer,
in zijn ogen alleen van hemzelf. »
« Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend. »
« In mijn dromen
schilder ik als Vermeer van Delft.
Spreek ik vloeiend Grieks
en niet alleen met de levenden.
Bestuur ik een auto
die me gehoorzaamt.
Ben ik heel begaafd
schrijf grootse poëmen. »
« Ô rêveuse, pour que je plonge
Au pur délice sans chemin,
Sache, par un subtil mensonge,
Garder mon aile dans ta main.
Une fraîcheur de crépuscule
Te vient à chaque battement
Dont le coup prisonnier recule
L'horizon délicatement. »
« La lune s'attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l'archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes viole
De blancs sanglots glissant sur l'azur des corolles. »